lundi, octobre 24, 2016

La conversion de saint Louis, récit d'une conversion anti-carniste


 
Mais qui, par pitié, fera fermer et interdire les abattoirs ?! Quel gouvernement et/ou instances morales, religieuses fera interdire le génocide de milliers d’êtres sensibles dans des conditions de violence et d’inhumanité que nous croyions disparues depuis la libération des camps de la mort ?

Il y a une année de cela, comme vous le savez si nous sommes amis sur les réseaux sociaux, un petit chien est entré dans ma vie ; avec Cy. nous avons accueilli un petit être adorable, intelligent et capable de sentiments variés. Il s’appelle Lou’. Dans les faits, ses papiers indiquent Lôo. Nous n’avons pas changé son nom, il y répondait et nous ne nous sentions pas le droit de le débaptiser. A ce propos, ayant toujours de l’eau bénite à la maison, j’ai procédé au baptême de notre Lou’. Cela n’est pas très orthodoxe ni même catholique mais, dans l’absolu, chacun peut donner le baptême. Je lui ai donc donné – au nom du Père, du Fils et du saint Esprit –  le prénom de Louis, en référence à saint Louis, Lou’ en est la contraction même si parfois je l’appelle Wolfi. Mon geste tient en partie de la plaisanterie anodine … Quoique…  Profondément, j’ai toujours considéré les êtres animaux comme des amis, des individus sincères, des alliés, des témoins muets de la gloire du Très Haut. Leur affection indéfectible est certainement la meilleure image de l’amour de Dieu pour les hommes.

J’ai été fumeur, j’ai été carniste. Autant je ne regrette aucune cigarette fumée - je garde tout de même de beaux souvenirs de cette relation destructrice, autant chaque bouchée de mammifères et d’ovipares terrestres avalée me pose problème, pèse sur ma conscience et fait de moi si ce n’est un assassin du moins un complice d’assassinat. Le « je ne savais pas » ne représente qu’une vague circonstance atténuante. Dès l’âge de raison, je pouvais faire le lien entre la chaire baignant dans le gras de sauce à la mode française que je trouvais dans mon assiette et l’être assassiné qui l’avait fournie. Aujourd’hui, je sais ; aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus détourner le regard ; aujourd’hui, j’assume ma culpabilité et ai décidé de m’amender.

Heureux les végétariens, végétaliens, véganes qui n’aimaient pas la viande. Combien sont-ils à nous raconter leur martyr, enfant, lorsqu’on les forçait à manger de la VIANDE ! Personnellement, j’ai toujours été un omnivore, un omni omnivore, goûtant, essayant, mangeant de tout. Légumes bizarres, préparations improbables, abats étranges, tout, avec une prédilection pour la bonne charcuterie vaudoise, le saucisson, la saucisse aux choux, au foie, les petits pâtés savoureux, le boutefas et le salami tessinois, la viande séchée des Grisons, la coppa, etc. Je ne regrette pas de ne plus en manger mais je conserverai ma vie durant une nostalgie de ces délices particuliers et barbares. J’aimais beaucoup les émincés, celui de porc, et la chasse, la volaille. La viande rouge, les steaks, romsteaks, aiguillettes, entrecôtes et autres passaient plus difficilement. J’aimais la viande rouge quasi incinérée. Les végétariens, végétaliens et autres véganes  qui n’aimaient pas la viande n’ont donc que peu de mérite. Même si la qualité d’un choix moral ne repose pas sur une méritocratie ou ne donne pas droits à de bons points. Les susmentionnés désignés pourraient faire preuve de plus de compréhension vis-à-vis de leurs nouveaux amis carnistes repentis qui, toutefois, mangent encore qui du poisson, des laitages, des œufs. En dépit de tout ce que l’on dit un changement de régime, de comportement aussi radical est difficile à mettre en œuvre, à vivre tous les jours. Pas impossible mais difficile.

Je me perds dans les étiquettes. Quand j’étais enfant, il y avait les végétariens ; c’étaient des gens qui ne mangeaient pas de viande mais du poisson, des œufs, des laitages. A l’époque, ces « hurluberlus » semblaient réaliser un incroyable tour de force tellement il y avait de la viande dans tout, partout. Aujourd’hui, l’intégrisme et la bienpensance véganienne ne leur jetterait qu’une vague étiquette de flexiste à la tête. Allez donc trouver votre dose de protéines quand les cantines, les restaurants, le commerce de détails ne savent toujours pas ce qu’est une légumineuses et ne savent rien vous proposer de préparé, prêt à manger, composé de tofu, des fruits à coques, d’humus, etc. Pour les ploucs carnistes – le pendant du serré-du-cul végane – un sandwich végétarien c’est une feuille de salade entre deux tranches de pain ! Merci l’équilibre.

Je me fous des étiquettes. Elles sont réductrices et contradictoires. Je suis catholique, gay, membre de l’UDC (N.D.R. parti populiste suisse pour mes lecteurs non-suisses) … Mises bout à bout, ces étiquettes n’ont aucun sens. Je suis gay, question de nature, comme j’ai les yeux bruns, même si je me suis entendu dire par un merdeux d’élève sous l’influence perpétuelle du THC que « c’était dans la tête » ! Je suis catholique suite à un épisode de révélation suivi du choix de mon  baptême et de la confirmation ; j’ai rejoint les rangs de l’UDC un peu par boutade, fanfaronnade et parce que dans le canton de Vaud, c’est un parti minoritaire avant tout motivé par le bon sens (combien ça coûte ? à quoi ça sert ?). C’est dans cette même logique que j’ai abandonné la viande. Connaissez-vous la théorie des cercles ?
 
 
L’anti-spécisme est fondé sur cette théorie de l’ouverture aux cercles suivants. Soi (le premier cercle), les parents et le conjoint, la famille, les proches, amis, connaissances, la ville, la région, le pays, la zone culturelle, le continent, les autres continents, la Création … Les animaux –  êtres sensibles non-humains – interpénètrent ces cercles de manière plus ou moins importante. Afin de justifier d’une différence de traitement radicale, ils sont classés dans l’ordre des animaux de compagnie ou des animaux d’élevage, de bouche, à fourrure, etc. Ces cercles, dans les premières civilisations organisées, ne s’adressaient qu’aux hommes, évidemment. Les femmes en étaient exclues, et je ne parle pas même des esclaves. Le tabou de l’anthropophagie entrave aujourd’hui encore l’archéologie et l’anthropologie ; bouffer l’autre était vraisemblablement plus répandu qu’on ne l’imagine. On parle de rites … de pratiques guerrières … Il s’agit juste de manger de la chair. Remarquez, si vous avez ce penchant pervers, qui vous dit que votre semblable ne va pas vous mettre à son menu un de ces quatre ? Bon, on va éviter de manger les gens de sa tribu, les hommes libres s’entend, puis les prisonniers de guerre, les vaincus du village voisin, les esclaves ; bref, on a évité de manger des individus humains. De nos jours, dans la civilisation occidentale carniste, il est hors de question de manger du chat, du chien, du cheval pour certains, du cochon d’Inde pour d’autres. A propos d’Inde, les vaches ayant un statut sacré, hors de question d’y consommer du bœuf et, en Chine, on mange de tout, mais vraiment de tout, on raconte même qu’on y mangerait des fœtus.

Notre civilisation occidentale judéo-chrétienne s’est bâtie sur de solides fondations de violence et d’obscurantisme (dont les « Lumières » ne sont pas exemptes). On revient de très loin. Chronologie express : Rome, la république puis l’empire, est un Etat de droit depuis 450 av. JC ; au XVIIIème siècle, l’empereur Léopold décida que tous les citoyens juifs de ses Etats jouiraient des mêmes droits que les chrétiens ; la France interdit enfin l’esclavagisme en 1848, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III ; le droit de vote au niveau fédéral fut accordé aux femmes suisses en 1971 ; en ce début de XXIème siècle, après l’horreur génocidaires nazie et stalinienne, l’opinion publique prend enfin conscience du droit à la vie et au respect des êtres sensibles non-humains. Il y a encore du travail, ne nous cachons pas la vérité, toutefois les choses changent, par bonheur.

Pratiquement, comment vivé-je cette conversation végéto-végano-végétatruc ? Sous l’ironie de vieux cons, l’incompréhension de mes proches, la hauteur des véganes ultras. L’un d’eux, l’une plus exactement, sympathique au demeurant, je la rencontre souvent lors de la promenade du Lou’, mon Louis, la dame sort aussi deux petits chiens. Je lui explique ma conviction du respect de la vie animale, je ne mange plus de viande, des œufs tout de même, pas de lait, du poisson parfois … « Mais vous n’êtes pas végétariens, vous n’êtes rien ! » Hors l’église point de salut, la jeune dadame excuse tout de même ce « rien », du fait de mon grand âge (elle doit avoir 25-28 ans mal conservés). « Il est plus facile pour des gens jeunes de changer de régime », poursuit-elle. J’abonde dans son sens, « surtout que pour des jeunes gens comme vous, avant d’adopter une alimentation végane, vous avez surtout été habitués à manger n’importe quoi, de la junkfood, des produits industriels, on quitte bien plus facilement ce type d’alimentation. » Et toc, bécasse, cela s’appelle la réponse de la bergère au berger.

Pratiquement, donc, je ne mange plus de viande de mammifères, ni de volaille ou de n’importe quel oiseau, du poisson parfois, même si les poissons sont aussi des êtres sensibles, je ne me suis pas encore ouvert à leur cercle. Je mange des œufs issus de coopératives, des volailles élevées en plein air qui finissent assurément assassinées lorsqu’elles ne sont plus assez productives ... Et les produits laitiers ? Le lait ? berk mais difficile d’échapper au fromage, d’autant plus lorsqu’on a arrêté le saucisson mais je ne supporte plus l’assassinat des veaux ni la manière dont ils sont retirés à leurs mères. Je limite, drastiquement, il est vraiment urgent que je m’achète des livres de cuisine végane. Je n’arrêterai jamais le miel, produit par les ruches communales ou ma « Heilpraktikerin » berlinoise ou n’importe quel producteur non industriel. Et le cuir ? La laine ? La soie ? Je ne vais pas jeter mes sacs en cuir, j’en prends soin, ils ont été produits avec la peau d’êtres sensibles, si je me débarrassais de tous mes accessoires en cuir, ces êtres seraient mort deux fois. Quant à les vendre d’occasion ou les donner, leur repreneur n’en ferait peut-être pas grand cas. Autant les conserver. Et les chaussures ? comment être élégant sans de belles chaussures en cuir ? Je viens de faire l’acquisition de ma première paire « végane »,  faite d’une sorte de caoutchouc bleu filigrané, semelles en gomme. J’ai encore – beaucoup – de stock et le temps de voir venir, de trouver … chaussure à mon pied. Cela fait longtemps que je ne crois plus au 100% pure laine vierge. La rayonne, la viscose (fibres de bois), le polyester, le coton, l’acrylique, l’élasthanne, le chanvre, le lin, la sparte, le raphia, les céramides, le pet (laine polaire), tous les mélanges sont possibles pour toutes les textures et tous les usages. La laine n’est souvent maintenue en proportion négligeable qu’à des fins marketing.   

J’ai arrêté de fumer le 1er novembre 2001, suite à une grosse bronchite de trop. Mon médecin avait noté cette date, « vous serez heureux de vous en rappeler dans dix ans ». C’était le 3 ou le 4 et je me suis dit que, jamais plus, je n’arriverais à écrire. Je fumais partout et à tout propos. La cigarette était la compagne de mes petits et grands heurs. Il ne se passe pas un jour sans que je constate à quel point l’exploitation animale et la violence qui en découle est présente dans nos moindres habitudes, toutes celles dont il faudra se défaire. La tâche paraît aussi impossible que, pour le fumeur, de renoncer à la première clope avec le café matinal, autant arrêter le café ! Avant-hier encore, je me suis demandé de quoi était composée exactement l’encre de ma plume ? s’il me faudrait passer au crayon ? et si c’est animal, existe-t-il un moyen de prélever cette encre sans faire de mal ? Non, évidemment, l’exploitation reste de l’exploitation. Les textes bibliques ne m’offrent pas de réponse, il n’est question dans l’Ancien Testament que d’étripage de bovidés et d’ovins pour les livrer « en holocauste » à Yahvé. Vous me direz qu’on y génocidifie gaillardement le Philistin et les Égyptiens premiers nés de même. Accessoirement, dans la brocante du Deutéronome, on y condamne à mort celui qui porte un vêtement fait de deux textiles différents (laine et lin par exemple). Il y a, heureusement, le Nouveau Testament qui renouvelle l’Alliance sans appel au meurtre, sans razzia, sans sacrifice. Il y a l’Aimé, le Très Doux qui chasse les marchands (de bêtes sacrificielles entre autres) du Temple, qui cueille des figues, glane du blé avec les apôtres, mange un poisson grillé avec eux encore après sa résurrection. Ni oiseaux, ni mammifères à son menu et on ne sait pas si les sandales étaient en cuir ou en sparte ? Et sa tunique ? ou le saint Suaire ? du lin, blanc, virginal, assurément. Il ne manque que l’exégèse anti-carniste des Évangiles. Le pape François a récemment consolé une petite fille suite à la mort de son chien (ou son chat ? son canari ?), lui assurant que le petit être aimé était à présent au paradis. A chaque fois que je croise le corps inerte d’un oiseau défunt, d’un petit rongeur, chat victime de la circulation, hérisson, autres,  j’ai une prière à saint François, qu’il accueille l’âme de cet être au paradis des animaux. J’assure aussi les maîtres éplorés d’animaux décédés de l’intercession du saint d’Assise qui prêchait aux oiseaux. Au même chapitre, on trouve saint Antoine de Padoue qui, lui, s'adressait aux poissons … Je crois que je vais aussi arrêter d'en manger.

 








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