dimanche, mars 20, 2016

Rénovation du bâtiment n° 1-3 de la rue Saint Louis, à Morges


Retour sur une rénovation réussie au cœur de Morges. Là où se signale un authentique travail d’architecte, mieux qu’une réhabilitation, une révélation.

Une citadelle ? un cloître ? une maison forte ? Une construction simple, sans artifices, ornement, effets  verre-acier, etc. Le bâtiment des n° 1 et 3 de la rue Saint-Louis, dans sa version réactualisée ne souffre que d’un défaut : il n’a pas de nom. Ce n’est pas un édifice construit ex-nihilo, il est le résultat de la mue adroite et élégante du bâtiment « Bataillard ». Dans sa forme première, ce locatif du centre ville était l’exemple parfait du niveau 0 architectural. Façades jaunasses au crépi, de trop nombreuses petites fenêtres garnies de volets bruns, un immeuble qui n’aurait pas même valu le prix de sa démolition. A force, on ne le voyait plus, il était devenu une verrue sèche – pas même purulente – au coin des rues Charpentier et Saint-Louis. Un truc moche.

Lorsque l’on vit quelque agitation autour de la chose, plus d’un Morgien bénit le bienfaiteur qui prenait à sa charge la démolition de ce manifeste de la médiocrité architecturale : que nenni ! On ne démolissait pas, on rénovait, et avec quel talent ! ARCK Architecture SA, sur une base aussi indidgente, a réussi le tour de force d’une réhabilitation élégante. Le bâtiment a gagné un penthouse, signalé par un bandeau anthracite de la largeur de l’étage. L’existence de la terrasse est révélée par des escaliers métalliques en vis côté square des Charpentiers. Ce dernier étage a la particularité d’avoir été entièrement réalisé en bois. Il jouit de plus d’une plus grande hauteur sous plafond que les étages inférieurs. Côté rue des Charpentiers, il porte un oriel carré ; les fenêtres de ce dernier niveau reprennent le rythme des façades sans pour autant reproduire la disposition disgracieuse des fenêtres d’origine. Les magiciens de chez ARCK auraient peut-être aimé les ordonner différemment mais il eût fallu revoir tout l’aménagement intérieur. Toutefois, afin d’atténuer l’effet « casemate » et tromper l’œil du passant, donner du caractère à une façade qui n’en avait aucun, chaque meurtrière … chaque fenêtre, pardon, a été pourvue d’un volet métallique rouge ! Effet garanti sur la façade blanche.


La présence d’un bâtiment dans le tissu urbain implique bien plus qu’une façade quelconque à tel ou tel numéro d’une rue. Il s’inscrit dans un ensemble, il apporte sa voix à un dialogue renouvelé, promenade urbaine, déambulation. La « citadelle Bataillard » (j’opte pour ce surnom) « dépasse » ici ou là, signale sa présence et enrichit le point de vue par les effets du talent d’ARCK Architecture SA.

Aucun commentaire: