dimanche, août 23, 2015

Rondo veneziano, suite de l'extrait du cahier vert

[…] J’ai pris quelques photos, parmi les crânes luisants d’Italiens chauves à torse nu et attitude néanmoins crâne, me frayant un passage entre des « jocondes » occasionnelles, pose à peine travaillée devant l’objectif marital. Il m’a fallu recadrer ces clichés, les « déflouter » afin d’en faire des souvenirs de vacances suffisamment alléchants pour qu’ils éveillent l’intérêt des mes amis numériques. Il y aura polémique du reste. J’y reviendrai. Je comptais écrire quelques forts chapitres durant la croisière même mais n’en ai pas eu le loisir … le temps… Il faut occuper le blaireau la journée entière, ne pas lui laisser l’occasion de se confronter à lui-même, à sa vacuité. D’une manière inversée, je compte « rentabiliser » ma présence sur ce navire, ma participation à une activité de masse moyennement peu glorieuse. Ecrire est une excuse et un motif à toutes les circonstances de la vie. Cela permet de se dédouaner à ses propres yeux, de prendre un petit air fin et de se justifier en cas de contradiction. 

Je ne suis plus encombré de ma tasse : je l’ai confiée, vide, à la mère de Cy. Je suis plus à l’aise pour prendre des photos et je tenais à voir défiler les grands monuments vénitiens alors que je buvais du thé, plutôt mauvais au demeurant, histoire de « faire du souvenir » original, décalé, très moi-même, soigner mon personnage. Au sortir de la lagune, j’ai abandonné la place, me mettre à l’ombre, reprendre ma tasse vide, observer de coin tous ces autres, dans leur vanité haïssable, désirable, indifférente, séparément, tour à tour, tout à la fois. Rétrospectivement, je ne saurais rien évoquer de plus au sujet de ces premières heures à bord. Il y a encore l’incident du fer à repasser, un petit accessoire de voyage que la sécurité a retenu, certainement du fait de la concurrence qu’il représentait par rapport au service de pressing/blanchisserie payant proposé à bord. Il m’a fallu descendre, monter, tourniquer en compagnie d’un employé de la réception, plutôt embarrassé, surtout lorsque je lui ai demandé une justification claire et précise à propos du danger que représentait mon fer à repasser ?! Au sortir d’un sous-sol – où ma valise ne se trouvait pas – un agent de sécurité a demandé à l’employé de la réception sur un ton peu amène pourquoi je ne repartais pas avec l’un ou l’autre des bagages ? ce à quoi je lui ai répondu sur un ton encore moins amène et en anglais que ma valise ne se trouvait pas là ! Des difficultés à concevoir une évidence sortant d’une logique standardisée. J’ai alors relevé pour moi-même qu’à clientèle généralement débile, règles et personnel encore plus débiles.

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