mercredi, janvier 21, 2015

"Droit de l'O.H.M. et devoir d'humanité" de Didier Delaleu

Alors que, par courriel, je faisais part à Didier Delaleu de tout le bien que je pensais de son pamphlet, « Droit de l’O.H.M. et devoir d’humanité », relevant la qualité des paradoxes, il me répondit :

Dans mon vocabulaire, les paradoxes sont des états des systèmes qui les obligent à progresser. Ce que j’essaie de mettre en évidence, c’est ce que j’appelle l’état «schizoïde» de notre système actuel attaché à maintenir ces pathologies (puisque les métastases font vendre des pathologies). La Faculté ne m’ayant pas décerné le titre de médecin, je ne me sens pas autorisé à employer le terme « schizophrénie».

Tout est dit ! Le fond pertinent, la forme humoristique et ce je ne sais trop quoi au-delà de la science économique (pour peu que l’économie soit une science) et du mot d’esprit, une perspective vers d’autres possibles socio-économiques, une échappée vers un modèle conscient, en réforme, sans pour autant promettre des lendemains hystériques qui chantent ou la tabula rasa révolutionnaire. Delaleu est un passionné et un tendre, un humaniste amusé qui propose à son lecteur une mystique sociétale. Il abat au passage les idoles trompeuses de l’économie libérale, la fameuse et fumeuse pyramide de Maslow par exemple, qui explique qu’il faut avoir pour être !

Notre homme est anthropologue et économiste de formation, il a fait de la recherche et, aujourd’hui, donne dans la ressource humaine quand il ne pamphlétise pas. En bon pédagogue, il exemplifie admirablement bien son propos qui, jamais, n’est sec ou rébarbatif. Il s’en tient à la limite des choses, lorsqu’elles s’apprêtent à glisser dans la rêverie et l’idéal. Mais Delaleu contrebalance immédiatement l’évanescence de sa démonstration, il n’a pas qu’un message esthétique à faire passer mais une nouvelle lecture des faits. Il avance des chiffres (vérifiables), démonte des théories, pose des définitions et amène son lecteur à une prise de conscience dont il fera ce qu’il voudra bien.

Je ne suis pas un consommateur de théories, d’exégèses, etc. Étant un grand garçon depuis très longtemps, je sais fabriquer ce genre de choses et n’avale pas de blablas pré-mâchés. Delaleu m’a éclairé sur quelques présupposés et autres doutes que je traînais depuis longtemps ; il a scientifiquement exposé ce que j’avais raconté dans « Tous les états de la mélancolie bourgeoise », mensonges et faux-fuyants. Il n’en tire pas même un constat d’amertume, ou une prophétie alarmiste : il éveille avec douceur la conscience de son lecteur, lui offrant ce petit plus d’humanité que le système qu’il déconstruit lui refuse, même lorsque ce système offre des « prestations sociales » aux chômeurs, invalides, retraités, blessés de la vie. Par charité ? non. Pour ne pas perdre un client.


« Droit de l’O.H.M. et devoir d’humanité », un petit volume vert pâle nécessaire à votre culture politique, sociale et économique ; pour être moins bête la prochaine fois que l’on vous exploitera.

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