dimanche, mars 23, 2014

Notes sur Zauberberg II

« Zauberberg II » n’avance pas, je tourne autour de la masse imposante et inconnue de ce roman. Cela n’a rien à voir avec le syndrome de la page blanche. Je n’ai aucune difficulté à avancer dans le texte, sitôt que je m’y mets. Je suis peut-être jaloux de la vie que j’insuffle aux personnages ; toute cette énergie pourrait me profiter directement, nourrir mon pauvre bout d’existence gaspillé en une quinzaine de séquences saccadées quotidiennes, pas de quoi faire une vie, pas de quoi sustenter et le texte et l’auteur. Je ne trouve qu’à me donner des sensations, des émotions, de la culture par d’incessants voyages à gauche et à droite, à Paris, Barcelone, Berlin, etc., Bâle, Zürich, Lyon, re-etc. Je souffre du syndrome de Mme la consule Mann, à savoir la mère de Thomas, qui n’a cessé, dès le départ de ses enfants du foyer familial, de déménager encore et encore, de se projeter plus au sud de l’Allemagne, rechercher jusqu’au rive de la mort son petit Liré. Il n’y a que loin de chez moi que j’arrive à dégager quelques heures dont jouir. Je veux dire quelques heures pour regarder le temps passer, déterminer sa couleur.

Ce soir, messe dominicale anticipée, l’homélie portait sur une explication de la rencontre entre Jésus et la Samaritaine, évangile selon saint Jean. Le prêtre a magnifiquement développé sur la notion de l’eau vive en opposition à l’eau stagnante du puits. Toute la scène a lieu en plein midi, symbole de la pleine et entière révélation. Jésus demande de l’eau du puits à la Samaritaine et lui offre l’eau vive de sa parole. Le prêtre a étendu cette notion d’eau vive à l’existence de chacun, l’eau stagnante représentant nos routines dévitalisées, l’eau vive tout ce que nous pouvons faire avec cœur, dans un sentiment de transcendance. Après le symbole des apôtres, le prêtre a relevé cette notion de transcendance à propos du sens des enfers, non pas l’enfer mais une sorte de « purgatoire », d’antichambre pour non-chrétiens dans lequel attendent les justes qui ne connaissaient – ou ne pouvaient connaître – le Christ qui les visite avant sa montée aux Cieux. Ces justes auraient aussi contribué à son Ascension.


Tant pis si ma vie est pauvre, le texte doit faire sens ; l’écriture est un sacerdoce. « Zauberberg II » trouve sa raison dans la poursuite de l’œuvre mannienne, un état des lieux cent aux après le début de la catastrophe. Je terminerai ce roman pour 2018. Témoigner et contribuer, faire « œuvre » utile, même si le texte n’aboutit pas dans sa forme espérée ou ne rencontre que peu de lecteurs. 

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