mardi, décembre 24, 2013

La Liste de Schindler



La liste, l'original dressé par les bureaux de Herr Schindler

« La Liste de Schindler », un film choisi au hasard d’un placard, tuer le temps, fêtes obligent, la tradition pour les apprentis de ne rien faire durant leur dernier jour de cours avant Noël … parce que c’est Noël. Je ne cède qu’en partie à cette tradition, toutes mes classes ont un test durant cette fameuse semaine et s’il reste du temps, soit, je leur montre un film. Et pourquoi pas « La Liste de Schindler ». Le sujet n’est pas très festif je l’avoue. De plus, je n’apprécie pas particulièrement Spielberg que je juge trop « faiseur », trop bateleur.

Il ne faut pas très longtemps au spectateur pour plonger dans l’horreur concentrationnaire du ghetto de Varsovie. Les impressions sont vives, effrayantes, marquantes, l’efficacité hollywoodienne au service de la plus inconcevable inhumanité, des images crues, des situations authentiques, le crime gratuit et pratiqué comme un art subtile, comme une chasse à cour humaine ou comme un sacerdoce sanglant, un service efficace, l’horreur de l’horreur froidement organisée, contingentée, réglée. Difficile de ne pas se projeter dans l’un ou l’autre des micro-scénarios, de ne pas vivre les enjeux psychologiques extraordinairement intriqués de chacune de ces saynètes. L’exemple de l’officier SS apparemment enrhumé qui, parmi des prisonnières, désigne celle qui sera sa bonne. Elle s’approche de lui et il lui demande de rester où elle est ; il ne voudrait pas lui passer son rhume. Le même officier fait froidement exécuter une prisonnière ingénieure de formation qui supervisait la construction d’un stalag pour les prisonniers. Les fondations ont été  mal coulées, elle demande à ce que le travail soit recommencé. Mise en cause de la hiérarchie. Inacceptable. L’officier exige tout de même que le travail soit recommencé après l’exécution de l’ingénieure.

La projection a cessé après trois quarts d’heure, la fin du cours avait sonné. Les élèves semblaient « sous le coup », horrifiés et fascinés à la fois, curieux du comportement de Schindler, de sa dualité. Quelques heures plus tard, je prenais l’avion, Berlin évidemment, pour quelques jours. Difficile voire inimaginable de faire le lien entre MA Berlin et ce qu’elle put être en 40, à l’époque du IIIème Reich triomphant. Je l’ai trouvée, comme à chaque fois en cette période de l’année, extraordinairement calme, presque assoupie dans un coma … thérapeutique. Le jour tombe si vite, c’est une ville de conte que l’on traverse dans un demi-jour mélancolique. Les mille vies de Berlin comme les deux visages de Schindler.

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