vendredi, septembre 27, 2013

"Gérimont" de Stéphane Bovon



J’ai un scoop, Lador a un fils, un fils qu’il a eu conjointement avec Aldous Huxley ; cet enfant miraculeux s’appelle Stéphane Bovon. En bon fils, il a décidé – en dépit de son goût pour la BD – de suivre les traces de ses pères et de publier un roman, aux éditions Morattel, digne d’eux. C’est ainsi que les lettres françaises se sont vues enrichies d’une sorte de nouveau Meilleur des mondes version ramuzienne.

Gérimont débute sur un prénom incongru et un patronyme très local. Scène d’intérieur, un auteur de BD met la dernière main à son nouvel album. Le lecteur découvre le héros et le lieu de l’action, ou de la non-action à ce point du récit. Il y a juste ce léger quelque chose de décalé, les prénoms imprononçables, mais bien sûr, nous sommes dans une satire néo-voltairienne déguisée en intrigue policière. Une amorce tout à fait réaliste et le reste à gros traits afin de d’accuser – en plus du trait – le système, l’immobilisme de la politique helvétique, la stérilité d’une société efficace et si peu pourvue de créativité. N’y aurait-il pas une critique de la politique culturelle officielle ? L’analyse tombe juste avant de s’élargir à une critique des utopies politiques. Bovon imagine une sorte d’équilibre social basé sur le bon sens, le prédéterminisme et une paix forcée, une paix de plomb gentillette à la limite de Huxley et Ramuz.

Notre auteur est un humaniste éclectique et gourmand doublé d’un pédagogue passionné. Il parle peinture avec amour, en amateur éclairé. Il nous offre un petit Picasso, le cloître de la cathédrale de Barcelone, une œuvre de jeunesse, propriété du Musée Jenisch, à Vevey. Il profite aussi de ce roman au souffle épique pour nous expliquer son travail de bédéiste, pour brosser un historique du 9ème art, planche à l’appui (expliquées et non reproduites). Et c’est ainsi que l’on apprend l’importance de l’ellipse, et quelques autres ficelles de la narration. Bovon est un miracle de la culture vaudoise, une perle, un doux enragé comme il en arrive parfois. Gérimont, œuvre singulière, mérite votre lecture, votre admiration et votre affection.

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