samedi, août 03, 2013

Impression de Copenhague

Scène du Théâtre en plein air, Tivoli
Surprendre le lever entre les rideaux de soie rebrodés, une chambre à Copenhague, les fenêtres à petites espagnolettes, comme du temps du roi Christian. Surtout surprendre le lever du jour à cause du chant des oiseaux et jouir de cette paix du nord dans une chambrette accueillante. La ville est sous le charme d’une imperceptible brume, profiter de l’instant pour rêver les yeux ouverts à la vie d’ici. La ville se révèle et s’invite dans le roman sur lequel je travaille à présent.

« … Steve va retrouver le petit garçon qu’il était alors et lui demande d’ouvrir les yeux, les autres yeux, ceux qui voient et permettent de savoir. Il l’emmène, lui fait grâce de la centrifugeuse et de l’effroi du monde suspendu. Il le prend par la main et ils vont faire quelque chose dont ils n’ont jamais eu l’habitude. Ils vont dans un merveilleux parc d’attraction de leur côté de la réalité; ils vont à Tivoli, par une fin d’après-midi, été danois, une foule aimable, cette belle présence au monde. Ils regardent tous deux le grand huit, le tapis volant, l’ascenseur à air comprimé, les moulinets d’une sorte d’avion au bout d’un bras articulé. Ils regardent au travers de douces larmes d’émotion. Ils observent curieux et attendris les canards, les pigeons, deux oies et leur couvée duveteuse. Ils s’assoient sur un banc, près d’un bassin, ils n’ont pas envie de glace. Il y a, à côté d’eux, la maison de Petzi, un manège pour les tous petits. Ils aimeraient bien mais n’osent tout de même pas. Ils ont tout vu du parc, veulent sortir discrètement par un portail dérobé, la voie n’est pas praticable. Ils devront passer par le porche monumental et devant le théâtre en plein air où la surprise d’une pantomime les arrête, une Cendrillon version Arlequin et Colombine. Ils n’oublieront jamais les toiles peintes qui se déroulent à vue, les tableaux, les acrobaties ni le public bon enfant, si loin du pathétique mi-sordide dans lequel ils baignent dans leurs quotidiens. Il faut voir les numéros défiler, Cendrillon et ses fouettés enchaînés entre deux danseurs de Capoeira, un « moonwalker » et un hip-hop. C’est le monde en gentil qui s’offre à eux, c’est une création façonnée par des enfants éternels. Steve a raccompagné celui qu’il était alors jusqu’à son lit, sa chambre aux tapisseries déchirées, le désordre plus ou moins maîtrisé en cartons affaissés, le couvre-lit vert à volant et motifs ridicules soigneusement replié, au pied du lit. Un jour, quand il sera grand, petit Stevy retournera à Copenhague, à Tivoli, pour se rappeler qu’il n’était pas seul, qu’il ne sera jamais seul et que, de loin en loin, Steve ou d’autres Steve veilleront toujours sur lui. Ils reviendront régulièrement l’emmener vers tous ces ailleurs qui le feront grandir et lui permettront de choisir sa vie. »

Aucun commentaire: