mardi, décembre 23, 2008

"Sanctus" sol invictus


Nous touchons à cette saison qui n'en est pas une, cette saison que je nomme "été paradoxal". Jusqu'aux tourterelles se croient arrivées aux beaux jours, et chantent encore mieux que dans les mélèzes de mon enfance, le chemin de Préllionnaz, la chaleur de juillet ... Il y a cette lumière incomparable d'une fin décembre ensoleillée; une avant, avant-promesse printanière ... On n'invente jamais aussi bien son temps qu'en se le rappelant, qu'en le commémorant sur le canevas du cycle des saisons. "Sol invictus" n'est pas très loin, le solstice d'hiver suivi de la calme victoire du dieu des troupes romaines, l'hégémonie irrépressible de l'état de droit, des vertus urbaines, du commerce florissant.

Je me souviens de tous mes Noëls d'impie, je me souviens du vide et de l'ennui qui les entouraient parmi la guirlandes et les boules de mauvais goûts, je me souviens aussi de l'espoir que portait la prochaine arrivée d'une année nouvelle. Je ne commémorais pas encore. Il était plutôt question de survivre, de trouver du sens entre des sentiments confus et des impressions encore plus confuses. Sans parler des questions matérielles ... L'indigence et le mauvais goût de la guirlande électrique ne menacent plus ce Noël.

Le déplacement du père P., maladroitement remplacé par deux ecclésiastiques peu amènes, me prive de la veillée dans ma paroisse. Je veux vivre cet instant primordial et symbolique de ma foi catholique dans un lieu qui fait sens, et je le ferai à Saint-François-de-Sales, ma paroisse genevoise d'élection. Je pourrai commémorer "l'été paradoxal", les tourterelles de mon enfance, mes attentes, mes espoirs passés, mon attachement à Genève, mon attachement à la personne historique de saint François de Sales; je dînerai même en compagnie de Ch., venue de Berlin comme chaque année. Nous vivrons alors le début de cette hégémonie irrépressible, le triomphe de la lumière sur l'obscurité, le symbole ancien de nos victoires modestes et si précieuses depuis qu'une promesse mystique les soutient.

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