vendredi, août 08, 2008

Des géraniums pour Lina


Reprendre le charmant dialogue du fil des jours, le reprendre par toquade et pour soi … Il n’est plus nécessaire à présent de siffler mon petit air berlinois en si, l’exquise valse des si, les irréelles qui s’enchaînent. Il n’est pas même question de vilipender une commune vaudoise ou d’épingler la stupidité crasse d’un élu, d’une institution … Il faut juste savoir conserver un certain « quant à soi » et regarder les passants, sur le trottoir, défiler devant la terrasse … Je ne suis pas encore sorti, je profite du décor « goût russe » du studio de vacances que je loue pour quelques jours à Berlin. Le bâtiment est sordide, l’intérieur soigné, du joli bricolage ingénieux, on a voulu faire « chic », moderne et commode … L’ensemble est juste affreux. Je peux jouir d’un balcon fleuri garni de bacs de géraniums en eternit avec un invraisemblable système d’arrosage à distance. Dans l’appartement voisin vit mon logeur ou sa mère … quoiqu’il en soit, les discrets tuyaux d’arrosage proviennent du balcon d’à-côté, balcon garni des mêmes géraniums et des mêmes treilles de liserons … J’en suis venu à faire cette incroyable découverte alors que je m’interrogeais sur les soins à donner à cette balustrade fleurie, m’imaginant ensuite que mon logeur surveillait mes allées et venues, profiter de mon absence afin d’arroser ses chers géraniums ! Je ne me serais pas imaginer resté dans cet appartement plus longtemps, ne pas se sentir chez moi … Et ces intrusions n’auraient rien eu à voir avec l’entretien d’une chambre d’hôtel, je ne jouis pas ici des conventions propres à ce type d’établissement.
J’aime l’idée d’être à Berlin, dans un meublé plus ou moins chic, ne rien faire de spécial, juste laisser passer le temps, laisser passer l’été dehors, la vraie saison de l’hibernation. L’été ne réussit qu’aux petits oiseaux, aux arbres fruitiers et aux adolescents en mal d’une sexualité non onaniste (dans l’ordre décroissant d’évolution). Pour le reste de la création, c’est une épreuve … Je ne parle pas de la chaleur, phénomène agréable, mais je fais référence à l’inconfort tant physique que sensoriel. Il faut supporter la puanteur des conduites d’évacuation, des foules, des grillades ; le bruit de ces mêmes foules ; le débraillé général … Non, je ne suis pas misanthrope. Et c’est afin de conserver une bonne opinion de mes semblables que j’évite les plages, les lieux de concentration humaine en plein air et la Côte d’Azur. Je vais profiter du temps exceptionnel de ce jour pour une promenade à Tiergarten. Peut-être essayer un peu le canapé, y travailler un instant, la suite du « Concile de Pigeons », je me suis donné la semaine pour y mettre un point final. Ou commencer la lecture de « En avant toujour ! », de Lina Bögli, une aventurière du début du XXème siècle que la légende n’a pas retenu. Elle n’était pas fille de famille comme Mlles Maillard ou Schwarzenbach.

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