dimanche, août 10, 2008

De Sissi à Carrie


Il y a ces impératifs dont on ne pourra jamais se départir … quel que soit le régime adopté ou les talents de votre dermatologue ou de votre institut de soins. On a beau ne pas se résoudre, au mieux, on a l’air ridicule. Conserver une silhouette et une tenue adolescente alors qu’on a largement dépassé la trentaine confine à la crétinerie crasse ou au grotesque. Il y a toujours l’indice fatal qui vient rompre le charme. Le fait de voir le chiffre grossir sous la rubrique « âge » ne m’a jamais horrifié, ni posé particulièrement de problème. J’ai eu une adolescence « merdique » et une pseudo « jeunesse » avant tout occupée à survivre financièrement. Toutefois, j’ai été pris d’une cuisante nostalgie hier soir, alors que je me suis aperçu être transparent à la jeunesse, celle-là même qui a tout pour elle, qui peut s’ébattre dans une Berlin plus gay que n’importe quelle capitale mondiale. J’ai donc vieilli dans le regard de ces p’tits animaux urbains que je devine et comprends encore mieux qu’eux-mêmes.

Quelle réponse apporter à ce nouvel état de fait pas si nouveau car on ne passe pas de 18 à 39 ans en une nuit et je n’ai pas à souffrir d’une dégradation physique subite ? Je n’ai pas pris le temps de vieillir et ne me reconnais pas dans le style de vie des autres « jeunes » quadras (mioches, télés écran plat géant, achat d’appartement, de canapés en cuir, voiture en leasing) et l’intelligentsia que je fréquente assidûment est trop désincarnée pour que j’intègre totalement ses nobles rangs … Je me retrouve dans le même no-man’s-land que durant ma pseudo jeunesse et mon adolescence merdique … Avec soit quelqu’un dans ma vie, quelques très fidèles amis, des projets littéraires, journalistiques et un emploi ! Je ne vais pas commencer à faire du sissiisme – régime drastique, institut de soin et éloignement de toute société afin de ne pas être trahi par l’indice fatal qui trahirait mon âge … Sissi-isme ou jouer à l’impératrice voilée qui était en complet décalage entre son état de souveraine, de femme dans le « bel » âge et le feu d’un cœur neuf encore, animé de la flamme vive du désir, de l’appétit à être. Ça n’a rien à voir avec un bête coup de jeunisme. C’est moins intéressé sexuellement … c’est une trahison de la tuyauterie.

Je n’ai pas de recette miracle à la Carrie Bradeshaw, le mot de la fin comme une jolie morale légèrement douce-amère, quelque chose qui donnerait envie de prendre une tasse de thé sur la terrasse chauffée du Bério et regarder tomber la pluie tout en étant sûr d’avoir choisi les bonnes chaussures, prêt à appareiller pour de nouvelles aventures urbaines.

Aucun commentaire: