samedi, mars 01, 2008

Carnet de bord


Rien en commun entre écrire face à la fenêtre, sur la table ronde en vieux design seventies' ou assis au clavier de l'ordinateur fixe, face à un mur, sur la petite chaise de tek moulé. Rien en commun, non plus, entre s'agiter dans ses jours, s'émietter entre mille activités, et simplement s'asseoir et écrire, peser de tout son poids dans cette écriture du presque rien, n'attraper que la queue des jours finalement. Le projet total, embrasser tout le champ du possible aussi sûrement que mon regard embrasse le petit lac, le Jura et des Alpes mourantes tient de l'utopie. Je ne peux que me recroqueviller sur le confetti de réel que mes sens et ma raison ont pu arracher au gouffre de l'oubli.

Je ne parle pas du gouffre du temps ... Mieux vaut oublier les images terrifiantes et considérer cette non-matière filante et tangible comme un océan de possible, la petite coque de nos vies qu'un coup de tabac a arraché à ses amarres un matin de tempête ... Et pourtant, elle flotte, confiante, car elle finira bien par atteindre un rivage. Tantôt échappant à un contre-courant, tantôt prisonnière d'un flux calme et impératif ... Ah ! la métaphore est une bouée dans nos vies confuses. Depuis hier, depuis le début du message, il s'est passé une messe à Saint-Joseph, la confection d'un repas, la projection de "Schwarze Schaffe" au Zinéma, un verre à l'Entrée, la rencontre de quelques tristes ayatollahs de la scène gay lausannoise, le départ matinal de Cr., un lever au ralenti et un petit-déjeuner néo-allemand qui arrive à peine à calmer mon impatience à rentrer dans ma chère Berlin ... Je suis un Prussien francophone. Comment voulez-vous parmi toute cette bouillie tenter de tenir un stylo droit, faire avancer l'oeuvre ...

Demain, je n'irai pas au fitness, je n'ai pas envie d'entendre le récit du médiocre week-end des blaireaux m'as-tu-vu qui fréquentent l'établissement. On pourrait me rétorquer que je crains de trop y reconnaître le mien !? oui, d'une certaine manière. Il est clair que je ne mène pas l'existence qu'exige mon métier d'écrivain.

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