mercredi, janvier 16, 2008

Form und Stoff


On pourrait en rester à l’anecdote de la pluie ruisselant sur un pare-brise, le jour trouble d’un matin de janvier et la salissure du quotidien usant, la « vie normale » comme ils disent ; j’entends les médiocres, champions de la caducité, hérauts de la banalité. Ils règnent et prétendent … tant de chose : tout leur serait dû ! Des noms ? On ne va fâcher personne … Jusqu’à nos toxicomanes sont caricaturaux.
Il y a quelques jours de cela, nous parlions avec une collègue fort avisée de « Derrick ». La dureté des rapports interindividuels l’a frappée ; la série tient moins du « crimi » que de la tragédie. Qualifiée de vieillotte (statisme des comédiens et lenteur des mouvements de caméra), cette fiction nous en apprend certainement plus sur l’âme allemande de la fin du vingtième siècle qu’une anthologie de la sociologie contemporaine germanique. Ici, il n’y a rien de caricatural, le stéréotype a valeur d’allégorie.
A l’opposé, mon pauvre, pauvre, pauvre pays de Bœuf – comme je le nomme sans affection – fait figure de pochade avec les petites vanités de ses politiques qui ne se tiennent plus quand une télé leur propose d’apparaître ; bien mal en a pris à l’un de nos ministres. M. Jourdain en prime time ! et le brave homme assure ne s’être livré qu’à une reconstitution … Ah, voilà, le premier magistrat s’amuse donc pour une chaîne privée, étrangère et un tantinet « poubelle » à mal jouer son propre rôle, à en dire trop, à se faire épingler pour la maladresse de ses propos par ses opposants politiques et finit par crier au complot. L’incident est clos … ne laissant que le parfum léger de la médiocrité et l’ombre de l’incompétence.
Il serait disproportionné de haïr ce petit monde, ce serait en faire trop grand cas. Il faut prendre son mal en patience, se tourner vers Berlin, Zürich ou Barcelone et tenir haut le pavillon de la liberté d’expression … Nos bovidés en chef n’osent pas même l’acte d’autorité vertical, la censure dans toute sa pompe absolutiste. Ils se penchent sur des dictionnaires, soupèsent un mot, un autre, sortent un centimètre, mesurent et se prennent à exiger des changements de virgules, se croient très fins dans un jeu de chantage social …
On ne pérennise pas un pays, on ne rend pas heureux un peuple en se la jouant « clochemerlesque ». La radicalisation des rapports sociaux n’est pas qu’une variable dépendant du pouvoir d’achat. La violence est une réponse à l’anecdote, mauvaise soit mais tout le monde n’a pas un horizon lointain à fixer histoire d’ignorer le style « gag plat » qui a envahi tout le champ social. Depuis quand ce pays n’a plus offert aux citoyens un projet ou même un leader digne de l’intérêt public ?

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