jeudi, novembre 02, 2006

In Memoriam


Hier, en bon catholique, je suis allé honorer mes morts. Je suis allé sur la tombe des mes grands-parents maternels et sur la "tombe" de mon père, le jardin du souvenir selon une demande faite de son vivant. J'avais assuré à ma mère qu'il s'agissait d'un mur fait de petites niches où sont placées les urnes que la végétation recouvre petit à petit. J'avais confondu avec le colombarium ...
Un article de presse a fini par la mettre au courant. Elle en pleurait, se maudissant d'avoir envoyé feu son époux à la fosse commune ... Je me revois très précisément et je revois encore plus précisément l'image mentale qui m'est apparue : le croque-mort à quatre pattes, devant un vaste trou rempli de cendre, armé d'une petite cuillère, recherchant les restes de son client déposé là par erreur ! L'incident s'est terminé dans un rire.
En mémoire de mon père j'ai déposé une plante et un lumignon. Je n'étais pas seul, je me suis adressé à lui à voix basse, lui raconter deux ou trois choses de ma vie, lui dire que ça va, que ça pourrait être mieux mais que je ne manque de rien. Puis une autre plante, un autre lumignon, cimetière de Renens, chercher la petite pierre de faux marbre rose orné d'une rose de faux bronze en relief sur le côté droit ... Henri et Marguerite reposent en dessous, dans leur urne respective ... Le nom de ma grand-mère ne figure pas sur la tombe, ma mère était au chômage lorsque sa mère est morte, on a limité les frais et je crois que ni elle, ni ma soeur ni moi n'avions à l'époque la force d'assumer un deuil dans les règles ... Je me suis assis en tailleur sur le papier d'emballage de la plante, au milieu de l'allée de graviers, devant la tombe d'Henri et de Marguerite dont personne ne peut soupçonner la présence. Je leur ai parlé un peu, les visiteurs passaient devant moi en faisant mine de ne pas me voir ...
Hier, j'ai témoigné de mon respect à mes disparus ... Ils n'étaient pas tous là, il aurait fallu que j'aille sur la tombe de mes grands-parents paternels mais j'aurais eu de la peine à réfréner mes insultes ... et celle de Daniel, mon parrain et passer trouver mon Grégory. Ses cendres trônent dans la chambre à coucher de sa mère. J'aurais préféré qu'il y eût une tombe, un lieu qui n'appartienne pas plus aux uns qu'aux autres.
Hier, j'ai essayé tant bien que mal de raccommoder ces morts, ces disparitions, de renouer et de faire les choses au mieux ... Ne pas rester brouillé avec la mort des siens. Tant pis pour le jardin du souvenir, pour le nom qui ni figure pas sur la pierre, pour la sépulture même qui n'existe pas, pour la rancoeur qui traverse les générations ... Tant pis ...

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